Startup: et si vous achetiez une autre startup ?

Jeudi, j'étais aux 10 ans de la ChairEEE de l'ESCP Europe et on entendait en plénière que les startups se développent pendant que les grands groupes les achètent. J'ai ensuite assisté à une masterclass sur comment plus facilement lever des fonds en tant que startup. Mon propos n'est pas ici de critiquer cet évènement qui avait plein d'aspects positifs (merci à Géraldine Hatchuel des Hacktivateurs de m'avoir accepté dans son workshop sur comment créer un escape game comme outil de management, vraiment génial).

Les startups peuvent aussi racheter d'autres startups
Non, ce que je souhaite ici, c'est partager quelques réflexions sur le sujet de la levée de fond et des M&A (Mergers and Acquisitions).

Idée reçue numéro un: une startup doit lever des fonds. En réalité, lever des fonds est long et complexe et ça peut vous éloigner de votre objectif numéro un: trouver des clients. De nombreuses startups se développent sans lever des fonds et ne s'en portent pas plus mal. Pour ceux qui ignorent le terme, cela s'appelle le bootstrap et vous trouverez plein d'exemples en anglais et en français. J'ai relevé l'article sur Mikael Besnainou et sa startup CharLi Charger. Les avantages du bootstrap: pas de dilution du capital, vous restez maitre à bord. Et si vous avez besoin d'argent, vous pouvez vous tourner vers certaines aides publiques. Attention, il y a aussi des aides publiques qui interviennent en cofinancement, ce qui signifie que vous devez faire quand même une levée de fonds.
Les inconvénients: vous devez avoir des besoins initiaux limités (pas possible de créer un coeur artificiel comme Carmat sans lever beaucoup de fonds) et ça peut vous ralentir dans votre croissance. Mais vous pourrez toujours ouvrir votre capital plus tard, au moment de votre développement à l'international par exemple, avec de très belles métriques sur le marché Français, ce qui vous garantira une négociation favorable et donc une dilution moindre.

Idée reçue numéro deux: l'arrivée en masse des Corporate Venture Capital (CVC) est une bonne nouvelle. Bien sûr, les corporate ont les poches profondes et s'ils contribuent au financement en plus des VC traditionnels, ça augmente les capacités du marché Français. Il faut se rappeler que nous ne représentons que 10 % de financement de la Silicon Valley (source CB Insights). Mais attention, les CVC ne sont pas des investisseurs comme les autres: ils peuvent avoir des process plus long pour s'assurer de l'adéquation de l'investissement avec la stratégie de l'entreprise, ils peuvent demander des prérogatives particulières parfois exorbitantes (priorité sur l'investissement), les promesses de synergies ont parfois du mal à être tenues et surtout, ça peut in fine limiter votre capacité à vendre (exemple: vous n'arrivez pas à vendre à Auchan car Carrefour est au capital ou vice versa) et même diminuer votre valorisation: si le CVC a un "right of first refusal", ça peut dissuader un acheteur potentiel de regarder votre startup car il peut avoir peur de mener un processus de due diligence en pure perte.

Idée reçue numéro trois: les grands groupes rachètent les startups. Et si en tant que startups, vous considériez racheter une autre startups ? Ca vous permettrait d'accélérer votre développement, d'acquérir une technologie stratégique, d'entrer sur un marché à l'étranger.... Merci à Philippe Herbert et Bernard Teze d'avoir ouvert cette possibilité aux startups que nous avons accéléré ces derniers mois. Bernard a d'ailleurs reçu le prix du meilleur mentor lors de la Graduation Party du 13 novembre et c'est bien mérité. Et rendez-vous aux mardis de Raise où, j'espère, ce sujet sera abordé.

Enfin, merci à tous mes lecteurs (plus de 100 déjà) et n'hésitez pas à réagir et/ou à me proposer d'autres sujets.

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